DERIVATIONS





Dérive …


Mots entaillés de gestes éparses.

A vif ils les ont greffés aux revers des écorces,

Captifs de sèves nerveuses et flottantes. 

Sans répit.


Sans répit, les pieds battent les glaçons,

Brutalisent les eaux, distillent et assènent de clapotis 

L’eau des gouttes.


Boursouflée en ses moindres recoins,

Sans répit, la scène se replie et se départage 

En cette ligne aquatique muette.


Froissés d’eau et de gestes éparses,

Les mots fleurissent de timidité,

Par réflexions des variances visuelles

D’où, sans répit, mes yeux regorgent de lumière.


Jonchés sur un radeau sans méduse,

D’une lettre en appui-nuque de l’autre,

Les mots trempés retrouvent en chaque geste,

Leurs propres arcanes calligraphiques et sans répit.




dziki (véronique) missud, 



Résonances de « Mito Mito » (2001),  chorégraphié  et interprété par  Georges Appaix et Pascale Houbin, 

Cie Non de Nom, Théâtre de la Cité Internationale, 21, BD. Jourdan, 75014.Paris






























(...) un poème, un phonème ? Une scène de concert vue des coulisses ? 

L'axe scénographique de l'exposition : peut-être dans les contours d'une 

étoile ? Chaque branche s'ouvre sur un univers de présences en extension, 

entre sol, cimaises et plafond, vue de profil, de face ou de côté, pièces 

s'interpellant mutuellement les unes des autres (...) Où sommes-nous : 

dans une salle de concert, dans un atelier, dans une architecture en cours, 

dans un dialogue, un texte, une bande dessinée, dans un livre en train de 

s'écrire (...) ? De s'écrire dans ce qui se donne à voir par assemblages, 

fragmentations, éclats, oppositions, asymétries, retraits, citations (...) 

Images, sons, volumes, couleurs, traits, collages, entre dépôts et 

accumulations (...) L'intime côtoie la scène, l' X-C. Chaque surface nous 

interpelle de son endroit par son envers. Le film brouille, trouble l'image 

fixe. Pièces posées, accrochées, suspendues. Je tourne, je me retourne, 

je marche du particulier au particulier unis par un lien qui reste pour moi 

encore invisible. Exposition ou progression de pièces multiples - images, 

volumes, maquettes, vidéo, interviews, éclairages, résidus - autour peut-

être de cet axe singulier : du ce qui se donne à voir du "re-trait", sur le vif 

du re-re-trait (...) Une interligne ? " 


dziki véronique missud.

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                                                                                          Note 
"Dérives" : "Haute Densité" : dans le silence de la galerie blanche, mon 

regard, bousculé par deux Oeuvres, oscille subitement entre deux 

interrogations, déjà énoncées depuis longtemps par David Hume 

(1771-1776). Dans le silence de la Galerie Patricia Dorfmann, placée 

au croisement de deux Oeuvres, "Aggravure", "Sans-titre", ma 

perception oscille immédiatement entre "Impressions directes" et 

"Impressions fixées". Dans le silence, ces deux Oeuvres réalisées par 

l'artiste Baptiste Debombourg (vit et travaille à Paris), questionnent 

sûrement notre rapport au Monde, notre façon d'aborder, de relier, de 

graver nos multiples expériences du Monde ? Dans les silences de la 

Galerie Patricia Dorfmann, où se termine doucement le montage de 

l'exposition " Massacre Innocent" ( du samedi 13 octobre 2012 au 17 

novembre 2012), s'ajustent et se ré-ajustent, face aux Oeuvres, 

plusieurs lieux du regard : qui grave qui ? Qui enroule qui ? Que dit le 

cercle au rectangle blanc, le volume au tableau ? Perforer, accumuler, 

évider, ajuster : entre ajours et croisillons du bois, entre perforations et 

scintillements des agrafes, comment percevons-nous la plasticité des 

"images" qui nous entourent, comme s'inscrivent-elles dans notre 

espace, quels lieux d'intensité ou de densité heurtent-elles en nous ? 

(...) " Dziki Véronique Missud. Paris, le 12 octobre 2012, entre 16h00 

et 16h30.


                                                                        /

"L" comme Bertrand Lavier, qui expose actuellement ses "Chantiers", ses séries d'ateliers commencées en 1969, au Centre Georges Pompidou, Paris.

" L " comme cette lettre de l'alphabet, qui, une fois renversée, dessine la figure géométrique d'une équerre.
De la figure géométrique à sa réalisation en volume naît un objet : l'objet -équerre qui, multiplié par deux, permet de 
poser essentiellement une étagère. L'équerre est moyen d'accrochage. Elle est aussi lieu des intervalles : il y a toujours un espace libre, flottant, incertain, entre la planche posée sur l'équerre et l'espace environnant. Aussi, l'équerre serait moyen de support jouant avec les intervalles. Intervalles d'où se dessinent d'autres lumières, d'autres opacités, d'autres nuances (...).



Le mot équerre trouverait son origine étymologique du chiffre "quatre" ( "esquadra", dérivé de "esquadrare" au sens de dessiner des angles droits, des carrés.). Face aux Oeuvres si intéressantes de Bertrand Lavier, il y a les sens à angle droit, mais il y a aussi ceux de la ligne brisée, accidentée (...). Aussi, le chiffre "quatre" est peut-être à aborder par l'idée de l'intervalle : cet espace entre les choses, entre chaque angle droit d'un carré ou entre deux étagères, deux supports, deux volumes, deux fixations, deux gestes (...). Intervalles comme "écarts" entre deux choses, deux textures, lumières, rehauts, glacis, textures, objets (...), entre des instants, instant du dire et instant du voir, instant du lire et instant du "faire", entre instants d'écriture et instants d'imprégnations (...).


Intervalles qui peuvent nous faire suivre au moins quatre cheminements.

En voici deux :
- celui des intervalles que génèrent les lumières des néons, diffusions qui nous amènent rapidement "au pied de l'arc-en-ciel" (citation extraite de l'"Avant-propos" du Catalogue de l'Exposition) (...).
- Celui des angles de vue aveuglants, ( blanc de vitrine, peinture argentée, pare brise brisé, (...)).

Et puis, tous ceux qu'ouvrent les rencontres surprenantes que génèrent les intervalles, les silences des rencontres entre nature et objet, entre recouvrements et ajours, entre "touches Van Gogh" et " aplats industriels", entre objets trouvés et objets recomposés, entre chaque objet, entre chaque rencontre, de l'intérieur de chaque rencontre qui ne se donne pas à voir sous l'angle de vue d'un "Ready-Made" mais bien plutôt suivant un cadrage incertain, un voir en devenir, une réflexion "in progress", une émotion "in process" (...). Dziki-Véronique Missud.






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A propos d'Adel Abdessemend

Questionner la notion d'Espace : c'est peut-être ainsi, spontanément, que peut s'appréhender l'exposition d'Adel Abdessemed, "Je suis innocent" au Centre Pompidou Paris ? Un entrelacs d'espaces ? Entre espaces physiques et espaces psychiques, entre espaces rêvés et espaces "dé-rêves" (...) ? Entrelacs d'espaces ? Ici, face aux oeuvres, l'espace peut se comprendre comme ce lieu charnière, ce seuil 
du regard, cet instant "Fluxus" d'où adviennent des oeuvres fortes et sensibles. Ces oeuvres que je regarde spontanément par l'idée du sédiment, de la trace, mais aussi de l'effacement (...). Sédiments à l'intérieur desquels se dessinent d'autres espaces, d'autres lieux, lieux de l'Art suivant ses histoires, lieu du regard, des émotions et des sensations éparses (...) Effacements à l'intérieur desquels semblent flotter d'autres souffles, émanations, essences, reflets, parfums, textures, aura (...) ?








                                                                       /

" Un petit déplacement à Metz s'annonce : répétitions, permutations,modulations, décalages, 
déplacements, ambiguïté, neutralité, distance,(...). Peut-être une suite d'expériences visuelles sensibles entre les glissements presque imperceptibles des diverses "manifestations" d'une forme minimale ? Il y a, chez Sol LeWitt, présence du cube. Ici, le cube semble s'expérimenter à nouveau des "re-traits" du carré et toujours suivant deux axes majeurs : l'axe verticale et l'axe horizontal ?"
 dzikivéroniquemissud



                                                                                              /

"D'un pas à l'autre : pensées pour la Danse. A tous ces instants poétiques, à toutes ces lignes de traverses (...) à tous ces basculements circulaires (...) que certains "corps poïétiques" savent ouvrir à leurs subtiles émergences (...)." dziki véronique missud (à suivre...)

                           "in the middle somewhat elevate"

                                                                   William Forsythe

                                                            
                                                                    / 

Paris, le 22 novembre 2011,
"dérives : suite des notes sur l'exposition  "Danser sa vie" :
" (...) vers les sphères éthérées du ciel ? " se demande t-elle ?
"Shakespeare dit : lorsque vous dansez, je souhaiterais telle une vague sur l'océan, que vous ne fassiez jamais autre chose". 
Cette citation extraite du livre de Doris Humphrey, me revient dans l'exposition "Danser sa vie".
J'étais resté sur les mots : fête, corps, art et ffarandole. 
J'écris aujourd'hui : la fête une immense farandole, dynamique et sensible, s'ouvre à nous.
Dans l'exposition, découvrant salle par salle, plus de quatre cent oeuvres, dessins, photographies, peintures, tableaux, sculptures, vidéos, installations (...), certains mots ressurgissent : Khoréia, chorégraphique, chorégraphie (...). Un questionnement : quand Henri Matisse écrit à propos de son tableau "La Joie de vivre" (1905-1906) : "(...)tout ce que j'ai pu faire a été de retenir l'air de la farandole que tout le monde hurlait aussitôt que l'orchestre jouait (...) Cet air m'a rendu plus tard service lorsque j'ai commencé mon tableau de "La Danse" qui se trouve à New-York, chez Barnes.", il semble écrire, peut-être sans le vouloir, aussi bien pour toutes ses versions personnelles sur le thème de La Danse que pour l'évolution générale des liens entre La danse et les Arts d'avant-garde, de 1900 à aujourd'hui ?
La farandole :  peut-être aussi corde ? Celle que Matisse regarda par hasard  : "(...) une corde allant d'un vasistas à un point quelconque de mon grand atelier, se détachant et se projetant sur une grande toile en une certaine courbe (...)".
"Danser sa vie": une farandole, une courbe ? 
Aujourd'hui, dans le tourbillon de la découverte de cette exposition qui marquera, par la variétés de ses rythmes, les esprits, une courbe qui partirait, dés les premières salles, d'une première oeuvre essentielle, un premier rythme : 
Henri Matisse : "La Danse de Paris" (1931-1932): de "ciment" et de "pierre", une fresque "au mouvement ascensionnel".
Vers un autre point, dans les dernières salles :
Felix Gonzalez-Torres "Untitled" (Arena) 1993.
25 ampoules, douilles en porcelaine et musique me ramène aux propos de l'artiste : "J'ai levé les yeux (...)".
à suivre (...)
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                                                                     /



courtesy@centre Georges Pompidou




« Paris - Delhi - Bombay »

Centre Georges Pompidou - Paris
Du 25 mai - 19 septembre 2011
Centre Georges Pompidou Paris


notes rapides
Juin 2011
Premières impressions volatiles d’une éventuelle « poésie ininterrompue » ? 

Ecrire : univers subtil et dense.
Réfléchir : est-ce une « poésie ininterrompue » ? Rompue, interrompue, ininterrompue aux limites de multiples infinis ? Ininterrompue, interrompue, rompue aux figures indéterminées et tout aux bords des toiles, volumes, écrans, sons (…) suivant un certain parfum, le santal : essence d’un concept ?
Suggérer : saisir le cheminement de cette exposition dans « une poésie  ininterrompue » ? Cette exposition peut-elle être vécue ainsi ? Une poésie rythmée de rêves-rencontres, de rêves-dérives d’où s’interrogent déjà des actions,  des expériences des regards, des  échanges de points de vue entre artistes et pays,  l’Inde et la France, entre créations artistiques et publics, entre rapprochements, éloignements et distances  (…) ici et là-bas.

Je dérive. Je traîne alors des pieds comme les pieds traînent les corps des danseuses dans « Pushed », une chorégraphie réalisée en 2006 par Padmini Chettur. Dans un sens, dans un autre sens, volontairement, sans me presser, je laisse venir à moi tout un univers sensible que je ne connais pas.

Je ne suis jamais allée en Inde. Je ne connais pas ce pays, voir même, je n’y comprends peut-être rien du tout ?  Il y a l’Inde à Paris, l’Inde des amis, des collègues, l’Inde du voisinage, l’Inde des boutiques, des restaurants, l’Inde documentaire, l’Inde touristique, l’Inde des légendes, l’Inde du célèbre recueil de nouvelles écrites par Rudyard Kipling, paru en 1894 : « Le Livre de la Jungle », adapté en 1967 par Wottgang Reitherman pour Walt Disney, mon premier dessin animé cinématographique préféré : « Mowgli ». Il y a l’Inde vécue par les amis. Et puis, il y a le catalogue de l’exposition, les documents bibliothèques, internet, cinématographiques, les écrivains, les poètes (…)  Ils ouvrent tellement de portes, de cultures, de religions, de divisions, de tissages, de tressages, d‘injonctions, de fragments, de misères, de tragédies, de douceurs, de sourires, d’élégances, de raffinements, d’éveils, d’avant-gardes multiples, d’inquiétudes et de sérénités, de grandes « poésies », que je me sens quelque peu dépassée (…).

Je m’interroge : c’est peut-être dans le tissage, l’effeuillage, l’assemblage, la juxtaposition, le collage, le découpage de tous ces multiples vers, versants, reversements que frémissent, vibrent, tremblent tant de voix ?
Une diversité de voix (1,1 milliard d’habitants en Inde).

Ici, en ce Centre de Paris, du sixième étage, je rêve au milieu de toutes ces Voix car chaque voix dessine ses propres voies, chaque voie configure ses canaux, inspire et expire des souffles, laboure, retourne ciel et terres. Terres enterrées, terres ajourées, terres numérisées et au croisement de plusieurs cieux : physiques, psychiques, virtuels (…).

Mon esprit dérive, erre et se perd. Cette perte dit l’abandon du regard, un abandon d’où se donnent d‘autres souffles, respirations, rêves. Se transmettent, en dehors et au-dedans de mes premières dérives, des rêves incertains d’où s’interrogent, dans un dialogue perméable aux yeux grands ouverts, paroles, gestes, déplacements, retraits, d’où s’intercalent, s’échangent, s’interpellent,  glissements, intervalles, suspens des lieux et des non-lieux des œuvres exposées de chaque artiste, œuvres élaborées, travaillées pour, par et dans l’expérience de cette exposition :

Upadhyay Hema, Abraham Ayisha, Thukral & Tagra, Attia Kader, Sundaram Vivan, Banerjee Sarnath, Subbaiah Kiran, Barbier Gilles, Singh Dayanita, Bhalla Atul, Shetty Sudarshan, Bublex Alain, Shah Tejal, Calais Stéphane, Reddy Ravinder, Chonat Krishnaraj, Raqs Media Collective, Chopra Nikhil, Ramette Philippe, Declercq Alain, Pushpamala N., Atul Dodiya, Pierre et Gilles, Dube Anita, Panchal Gyan, Erlich Leandro, Jean-Michel Othoniel, Cyprien Gaillard, ORLAN, Gowda Sunil, Moulène Jean-Luc,  Gowda Sheela, Malani Nalini, Gréaud Loris, Komu Riyas, Gupta Sakshi, Khurana Sonia, Gupta Shilpa, Kher Bharti, Gupta Subodh, Kanwar Amar, Gupta Subodh, Kallat Jitish, Gupta Sunil, Hyber Fabrice, Harsha N.S. Camille Henrot, accompagnés de manifestations diverses dont : « Pina Baush en Inde » d’Anne Limsen, « Solo de Viswanadham » de Padmini Chettur, « L’Inde qui danse » de Sanjay Leela Bhansali (…).

Aussi, d’où vais-je commencer à écrire ? A partir de quelle œuvre ? Chaque œuvre a cette faculté de pouvoir parler simultanément à ou de l’Inde et de la France. Vais-je questionner chaque œuvre du parcours scénographique proposé suivant six thématiques : la politique, l’environnement, le foyer, l’identité, l’artisanat, la religion ? Ou, vais-je laisser mon regard errer d’œuvre en œuvre, s’émouvoir par petits points, de sequin en sequin,  aux diversités des lumières, couleurs, trouées, cables, teintes, lit, rouages, failles, éclats, raccords, serpents, vaisselles, velours, perles, impacts, photographies, os, tulles, boulons, velours, films, lames de rasoir, récipients, fil, cellules, cordons, ombres, bindis, fenêtre, savon, loupiotes, automates, dessins, suspensions, feuilles, contreplaqués, émail, poudre de marbre, clochettes, bouses de vache, miroirs, galets, chaises, pigments, vidéos, fusain, tirs, traces, ficelles, déchets, encre de chine, transfert, opérateur, chiffon, résines, rideau en métal, roses artificielles, Polaroïds, peaux (…) ?  

Mon regard vagabonde, s’oublie jusque sur les marches des escalators où de nouvelles voix  s’échangent : voix du Public avec les Voix des Chants de l’installation sonore de Soundwalk en collaboration avec Mickey Hart.

 ( à suivre …)


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 chroniques de Dziki Missud
dzikivéroniquemissud


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"D'un sens" Véronique Dziki Missud






D' un
ou à contre sens ?


Une
œuvrea-r-t-i-s-t-i-q-u-e, porterait, en elle, ses sens et, ces sens, à l'oeuvre dans l'oeuvre, interrogeraient une démarche, démarche qui inviterait ànous interroger, à questionner ces et ses sens, au delà, à travers, en retour, au croisement du ou des sens communsafin, peut-être, de laisser advenir, frontalement, circulairement, suivant une troublante perspective, une certaine verticale, une certaine horizontale,une oblique, un zip, une ligne, un clair obscur, une complémentaire, un tremblement, une rechute, une hachure, une fente, un pli, un éclat, une ficelle, un urinoir, une chaise, un champignon, un mur, un néon, un tube, du grillage, des barrières (…), ce qui, qui, que, quoi, d‘où, d’oüie et d’onc, au delà, à travers, en retour, au croisement de nos incertaines perceptions multiples, nous échappe, nous agace, nous révolte, nous rassure, nous enveloppe, nous enchante, nous émerveille et nous rattrape sûrement, vers ce quoi d’un sens ou d' un contre-sens, qui se griffonne, se rature, se replie, s’allonge, s’aplatit, se fixe,s’attache, se scelle, se libère, s’étire, (...),simultanément, se zig et se zag de tous ces autres lieux respectifs, all over, dans un sens, puis dans un autre, d’un sens peut-être en contre-sens de son propre sens, l’un et l'autre,  artistiquement, esthétiquement, doucement dérangés, déjoués, décentrés en tous sens de tous leurs sens : auditifs, tactiles, olfactifs, gustatifs, visuels (…), selon une étrange variété d'échelles et suivant certains rythmes cardiaques 
dziki véronique missud -  Post it : note, à ce jour, inachevée ... 


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Pierrette Bloch,
artiste française née en 1928 à Paris. France

Oeuvre : "Ligne de crin"
1994.
Crin enroulé et noué.
Collection MNAM. Paris (2003)

A une certaine distance. D’ une certaine hauteur.



En 1953, il y a ses premiers collages.
En 1994, il y a ses premières lignes de papier.
Entre les deux, en 1984, il y a ses premières lignes de crin.
Ici, il y a cette ligne de crin, clouée horizontalement en chacune de ses extrémités, d’un point à l’autre de la cimaise blanche du MNAM*.
D’un point à l’autre du centre de la cimaise blanche, juste un tout petit peu décalée du mur, cette ligne de crin s’étire sourdement.
Il y a cette ligne de crin, mais ici, le crin effilé n’a pas d’archet.
Aussi, mes yeux dérivent. Dérivent en cette ligne. En cette ligne à peine perceptible.
Dérives.
Mes yeux doutent.
Ils ne savent plus si ce crin, cheminant en sa ligne, interroge le visible ?
Quel visible ? Cette vue au bout de mon regard ?
De mon regard qui se déplace d’une extrémité à l’autre, puis, d’une extrémité par l’autre du crin, du crin en sa ligne ?
Juste au bout de mon regard se tient cette ligne.
Simultanément, elle s’y tient et s’y retient : je ne suis pas sûre de bien la voir.
Très discrètement, à peine perceptible, elle rehausse légèrement un instant de l’espace du Musée.
Presque imperceptible. Et, plus je la regarde, plus j’ai l’impression que quelque chose s’en va, disparaît, se dissipe.
Retiendrait-elle le visible ailleurs ? Se tient-elle en cette part insoupçonnée du réel ?
D’un réel qui chercherait sa visibilité d’une incertaine «border-line» ?
Vertiges.
En cette ligne de crin mon regard se perd dans les redoublements hybrides de ses vestiges.
Il se perd d’une extrémité à l’autre du crin.
D’une extrémité à l’autre d’où Pierrette Bloch a dessiné sa ligne.
Dessinée : est-ce du dessin ?
La couleur Sépia du crin sur le mur blanc m’y invite.
Cependant, Sépia et Blanc travaillent un contraste visuel et de ce contraste émerge un décalage entre le Blanc du mur et le Sépia du crin.
En ce décalage, le Sépia du crin suggère un très léger volume : est-ce un bas-relief ? Est-ce un haut relief ?
Ce relief semble être en lévitation. Au fur et à mesure que je le contemple, quelque chose s’enlève.
S’enlève et se lève, se lève et se relève, s’enlève puis se soulève :
la chose vue ne semble pas être la chose perçue car la chose perçue est ponctuée des retraits de la chose vue.
Souriants troubles.
Reliefs en «re-traits» du crin.
Les retraits du crin ajourent des traits lumineux.
Retraits des traits d' un crin noué à intervalles réguliers.
A intervalles réguliers, le crin devient nœud, chaque noeud un point rythmant la ligne.
Et, de points en points, regardés à une certaine distance, ils donnent des indices au voir.
Indices de multiples retraits et, mon regard déstabilisé en leurs interstices, s‘interroge :
ici, en cette ligne de crin, le visible reste suspendu entre ces entrelacs.
Entrelacs silencieux du crin qui ponctuent, par petits nœuds, par petites secousses, la ligne dans toute son horizontalité.
Chaque nœud marque visuellement un tempo : un tremblement du temps.
Tremblements silencieux. Silences. Intervalles.
Chaque écart du silence dessine une distance.
Distances d’un nœud vers un autre nœud.
Distances entre un rayon lumineux et son ombre.
Distances entre mon regard et cette ligne légèrement perceptible.
Perceptible entre les légers tremblements du crin.
Tremblements. Intervalles. Intervalles des nœuds qui ponctuent régulièrement la ligne.
Ponctuations d’où se tient, suspendu, mon regard.
Mon regard est suspendu entre ces nœuds, ces noeuds d’où se dénouent de subtiles variations rythmiques du crin, crin effiloché, ici et là.
Ici et là, devant mes yeux, s’esquisse une autre visibilité du visible.
Ici et là : entre la ligne de crin éclairée et son ombre projetée sur le mur blanc, entre l'éclairage de la ligne de crin et l'éclairage de son ombre, une double ombre se fait voir.
Cette ombre double pertube le regard errant entre l’ombre projetée et l’ombre diffusée par une indéfinissable source lumineuse.
Cette ligne de crin travaille t- elle l’invisibilité du lieu ?
Invisibilités sans bornes interpelant un hors-champ au cœur des intervalles de cette ligne de crin ?
En hors champs. En dehors d’un chant?
Chant d’un échos ?
Suivant une certaine hauteur, serait, ici, perceptible, ce qui advient très lentement.
Lentement entre ces doubles jeux des ombres.
Ombres d'incertains moments visuels où l’artiste, Pierrette Bloch dessine sa ligne des "re-traits » du crin.
A une certaine hauteur, ces traits noués de la ligne, éclats, écales, ricochets, rumeurs,
ces tous petits fracas cristallisés dans les nœuds du crin travaillent la visibilité de mon regard par l’idée de l’écho ?
En ce multiple lieu de résonances hybrides, le double jeu des ombres dit, peut-être, une ligne qui s’esquisse au-delà d’elle-même, qui se retient, s’abstient puis revient, tance « à haute voix » notre espace visuel à partir de ses absences, en ses instants de dématérialisations du voir ?
Résonnances : échos des retraits esquissant d’autres traits.
Traits « à -trait levé, relevé, élevé » : expansion dans l’espace des nœuds, à une certaine fréquence.
Répétitions d’où s’amplifie la perception de cette ligne au-delà de sa propre visibilité et en-deçà de mon regard.
Une certaine hauteur visuelle sépare la ligne de crin du bas et du haut de la cimaise blanche du musée.
Séparation d‘où s‘attirent et d‘où s‘esquissent d‘autres traits « abs-traits ».
Extraire peut-être, par soustractions,d‘autres attractions ? Contracter d‘autres espaces ?
De mon côté, en cet instant précis du lieu, du Musée en son lieu, se trament quelques « attraits » sonores.
Simultanément des ombres et des nœuds : simultanément chanter et se taire, chanter et écouter, dessiner et effacer (…)
Est-ce une performance ?
Cette ligne de crin est-elle l’accomplissement sonore d’une forme, autre ?
Entre les rayures légèrement visibles du crin, les émois lumineux des ombres et les pulsations des intervalles, un lieu se raye.
En ces triple biffures, se questionne peut-être l’autre trame «in-visible» d’une forme ?
Forme t-elle un nouveau triptyque ?
Triptyque d’où se poserait la question d’une transversalité d’un genre par un autre genre ?
Cette ligne n’est pas uniquement tirée à la surface de (…) ou sur la surface de (…).
Cette ligne est avant tout lieu de résonnances multiples.
Son rythme linéaire ponctue l’espace du Musée plus qu’il ne le dessine : il le laisse advenir.
Cette ligne nous laisse entrevoir l’espace qu’elle traverse en se dessinant de ses retraits, des rythmes arythmiques ou eurythmiques de ses points ?
Ici, une ligne s’efface dans l’émergence de ses rythmes : intervalles, interstices, pulsations, pulsations cardiaques (…).
Du bout de ses entrelacs, regardée à une certaine distance : moins d’un mètre entre mon corps en train de voir et la ligne de crin clouée sur la cimaise toute blanche du musée.
Suivant une certaine hauteur : juste de mes un mètre soixante quatre.

dzikivéroniquemissud



Oeuvre : "Ligne de crin", 1994.
Crin enroulé et noué.
Collection MNAM. Paris (2003)
* "elles" @ centrepompidou. Artistes Femmes dans la Collection du MNAM. Centre de Création Industrielle". Centre Pompidou Paris. Commissaire générale : Camille Morineau ( accompagnée de Q. Bajac, C. Debray, V. Guillaume, E. Lavigne, A. Lemonier, E. Sandrin). Photographie : reproduction extraite du catalogue de la Collection, page 228.

Juste quelques repères :

1928 : naissance de Pierrette Bloch à Paris.
1947-1948 : Etudie avec André Lhote et Henri Goetz.
1953 : premiers collages.
1973 : premières mailles.
1984 : premiers fils de crin.
1994 : premières lignes de papier.
(...)
1999 : rétrospective au Musée de Grenoble. catalogue. Serge Lemoine. Lucile Encrevé.
2002 : exposition au Cabinet d'Art Graphique du Centre Pompidou. Paris. Claude Schweisgerth (commissaire).
catalogue : Alfred Pacquement ( Directeur du MNAM. Préface). Olivier Kaeppelin. Yves le Fur.
2003 : "Lignes et crin". Musée Picasso à Antibes. France.
2003 : "Pierrette Bloch, un point c'est tout". Philippe Piguet. revue L'OEIL.
2005 : Prix Maratier
2006 : "Le noir est ue couleur". Fondation Maeght. Saint-Paul de Vence. France
2008 : "L'ivresse de l'absolu". Fondation pour l'art contemporain Claudine et jean Marc Salomon. Alex. France
2007 : "Art Paris". Grand Palais. Galerie Lucie Weill & Seligmann. Paris
2006 : "Art Paris". Grand Palais. Galerie Marwan Hoss. Paris. Galerie Lucie Weill & Seligmann. Paris
2009 : "Musée Fabre". Montpellier. France.
2010 : "One Line". MoMA. New-York.
(...)
Puis, récement à la Galerie Karsten Greve. Paris : 8 janvier au 12 février 2011.
Mardi 18 janvier 2011 : émission "Plateau 2". France Culture.


Le site de Dziki Missud
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Gabriel Orozco : "Pinched Ball" (1993)


Photo de Dziki Missud

Arrêté là, peut-être involontairement freiné, posté ici, en cet instant indélimité, en cet endroit non localisable (...) Arrêté là, d'où nous reviens-tu, toi, l‘oublié ? En l'échappée de quels lieux, de quels jeux, de quel pied, as-tu erré, toi qui ne roule plus, figé maintenant en cet autre lieu de ton « image » ? A la croisée de quels chemins, de quels stades, de quels filets, cette flaque a pincé le volume de ta matière, cette eau a bu les souffles de ton ère ? De quels espaces autres nous reviens-tu ? Dis-moi, qui du ciel ou de l'eau a creusé « l'air » de ta sphère ? Qui de l‘eau ou de l‘air a incurvé la surface de ta matière ? Cette matière que je regarde comme dégonflée de sa sphère. Ce pincement interroge, par pressions et presque hors-piste, l’identité de ton « image » : s'inspire t-elle ou s'expire t-elle d'une inversion des matières ? Entre air et goudron, entre goudron et eau, entre eau et air, le volume, de ta sphère accidentée, se métamorphose en une trouée aquatique aux reflets argentiques. Interroge t-elle la question du volume par l’aplat ? L‘évènement photographique basculerait-il, ici, dans l‘ avènement peinture et sculpture ? En ton cercle meurtri semble se dessiner, lentement du retrait, un autre « air d’airain » ? Serait-ce une nouvelle mélodie d‘empreintes : empreintes de gestes, de lieux, d’espaces « sublimes » en devenir ?  Devenir en retour peut-être d’un non-lieu transitoire situé juste au croisement de plusieurs espaces : entre espace-terre, espace-air, espace-eau ? Et du milieu de ces espaces s‘interrogent peut-être d‘autres peaux, enveloppes et textures : autres "chairs" du Monde dont les "entrelacs" s'incarneront sûrement : " ( …) avec l’intensité d’un désir d’illumination et de transformation matérielle, désir qui, dans l’œuvre photographique et sculpturale d’Orozco, trouve généralement son origine dans la circularité des formes."*


"Pinched Ball"  @gabriel Orozco

Dérives : notes « prises sur le vif » lors de l’exposition Gabriel Orozco - Centre Georges Pompidou. Espace 315. Du 15 septembre 2010 - 3 janvier 2011. Commissaire: Christine Macel. Actuellement Gabriel Orozco : Tate Modern , Londres, du 19 janvier au 2 mai 2011.


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*Benjamin Buchloch. Citation extraite du catalogue d’exposition : « Gabriel Orozco ». Centre Georges Pompidou. Anvers. Belgique. Juillet 2010. Page 189.


Reproduction de :
« Pinched Ball » 1993. Epreuve argentique. Reproduction extraite du catalogue d’exposition : « Gabriel Orozco ». Centre Georges Pompidou. Anvers. Belgique. Juillet 2010. Page 92


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Kasimir Malévitch (1878, Kiev – 1935, Léningrad)



                                             "Carré noir " (1923-1930). Huile sur plâtre.
                                      (coll. du MNAM – Centre Georges Pompidou. Paris)


Espace cosmique noir d’où s’engouffre infiniment l’oeil rêveur, oeil rêvé du noir centrifuge au blanc centripède, et, de l’un par l’autre, l’oeil vibre entre cette mise à plat du noir et la mise en exergue des frémissements d’une plage blanche invitant ainsi l’oeil rêveur à déambuler circulairement autour des 8 angles du carré tridimensionnel.
                                                                                                   
Dziki Missud

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UNDER CONSTRUCTION – Tadashi KAWAMATA


Alors, cette note va se construire suivant un échaffaudage de mots, de presque rien (…)


Premiers repérages :


« Girasole » (1960) de Mario Merz (1925-2003 Italie) : entre vie et survie ?


« Igloo di Giap » (1968) de Mario Merz (1925-2003 Italie) : remettre en oeuvre des matériaux, des forces dispersées, n’importe où ?


« Palpebra »(1989) de Giuseppe Penone (1947, Italie) : si les empreintes » in situ »d’une paupière interrogent, pas à pas des rencontres, les lieux de la démarche ?


(à suivre …)


Démarche : Tadashi KAWAMATA, artiste japonais né en 1953 sur l’île de Hokkaîdo.


Ile : isoler, isolation, isolement ?


Isoler : écarter un sol d’un autre ?


autre : ailleurs ?


ailleurs : autres corps à remettre en oeuvre ?


Remettre en oeuvre par les liens du lieu, par les lieux du lien : délier-relier ?


Installations.


Pas à pas des installations : PASSERELLES : écarter, déployer, étaler, étendre : extensions du regard en train de se construire, en train de construire, çà et là ?


« Observatoire », Estuaire 2009, Lavan-Nantes


« Footh Path », Bordeaux 2009


» Coal main project », Tokyo 2009


( à suivre …)


Installations ?


Mesure infine ?


« Berlin tree huts », HKW Berlin 2010


( à suivre …)


Installations :


Passerelles : glissement d’une chose dans une autre ou par une autre ?


» Cabinet Archives » Avignon 2009


Autre : autre chose, autre lieu, lieu d’une chose ou chose du lieu ?


Est-ce le lieu et la chose en leurs liens ?


Liens : autres lieux à « re-mettre » en oeuvre ?


Déplacements, pas à pas, des dépassements ?


Basculer, renverser (…) ?


Spirale, Croix de Saint-André, alignements, suspensions, étirements (…) ?


Restons sur » le départ » : « tout peut changer ».


(à suivre …).


Dziki Missud.


Le site de Dziki Missud
http://dzikiandko.wordpress.com/


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