26/09/2012

JEROME BEL, STATIK DANCING





Avec "Disabled Theatre", Jérome Bel signe une superbe nouvelle création ! 

Issue d'une collaboration avec le théâtre HORA, basé à Zurich, la particularité de cette compagnie est d’être composée de comédiens atypiques










Jérome Bel s’est toujours montré soucieux dans chacune de ses pièces, de porter sa réflexion sur la chorégraphie mais surtout le théâtre. Sans cesse à la recherche de nouvelle formes, il pousse la chorégraphie et le jeu théâtral dans ses plus infimes retranchement. Souvent considéré comme l’un des chefs de file de la danse minimaliste ; peu de mouvements, un abandon de la virtuosité, pour aller au plus profond des choses : creuser des intentions , des questionnements et tout cela sans esbrouffe ou artifice. Mais cette posture, a priori rigide, laisse passer l’émotion, la rend même plus fort encore. « Disable Theater » est un spectacle sensible qui prend aux tripes.

Le travail de Jérome Bel part d’une commande, celle du théâtre HORA, qui comme nous l’avons vu est composé de onze comédiens professionnels, tous handicapés mentaux. Le metteur en scène et chorégraphe répond positivement à cette commande car elle est dans le droit fil de ses propres préoccupations scéniques, le thème de l’aliénation qu’il développe au fil de son parcours artistique.
Avec la compagnie HORA , il vient de plein fouet se heurter à cette forme d’aliénation que peut être la déficience mentale, que peut-on en faire ? Que peut-on en dire ? Quelle place est assignée à qui ? Comment se définissent les rapports entre spectateurs et comédiens ? Rapports de pitié, d’empathie, de voyeurisme ? Un peu tout à la fois. Il y a aussi cette fragilité, cette faiblesse des comédiens eux-mêmes. D’ailleurs, Jérome Bel fait déjà référence à cette fragilité, à cette faiblesse avec cette magnifique pièce  qu’il monte et crée avec Anne Teresa De Keersmaeker « 3Abschied » tiré du Lied de Gustav Mahler, où l’émotion l’emporte avec Anne Teresa De Keersmaker interprétant elle-même le Lied dans la troisième partie du spectacle. « Disable Theatre » nous procure cette même émotion, non teintée d’ambigüité. Une des forces de Jérome Bel ! Mais laissons-lui la parole.





Transversales : On vous définit comme le leader de la « Non Dance »,  ce spectacle avec HORA,  n'est ce pas une occasion d’alimenter cette réputation ?

Jérome Bel : Le principe de non-dance est une aberration pour moi ! Je ne me définis pas comme cela, c’est une invention de journaliste en mal d’inspiration où croyant avoir lancé un nouveau concept sur le marché ! De plus je définis ma démarche comme singularité plutôt que concept. Je m’adosse à une idée de l’art, inventive, novatrice… Je cherche de nouvelles façons de danser, j’envisage l’art comme progression et non comme répétition, comme un travail expérimental ! D’ailleurs, c’est ce que j’envisage avec les comédiens d’HORA. Come je ne vois pas non plus de grande différence entre performance et danse. Pour moi, il y a juste , une salle, un théâtre, une scèn et une expérimentation à l’intérieur… Pas de limites, pas de frontières ,sauf les murs de la salle et encore l’image persiste hors des murs ! Concernant HORA, j’ai des croyances que j’essaie de casser… ils m’apprennent que le théâtre peut être autre chose…  Essayer d’être le plus libre possible !

 
: Quelle est la genèse de cette aventure ?

JB : C'est simple , l’on m’a proposé de travailler avec HORA en m’expliquant la particularité des comédiens composant cette compagnie. J’ai d’abord demandé des DVD d’autres spectacles montés par cette compagnie avant de donner une réponse négative ou positive. La vision de ces DVD furent pour moi un choc incompréhensible ! Et je me suis décider à tenter le pari. Par contre, jamais je n’aurais accepté si cela n’avaient pas été des comédiens. Pour plusieurs raisons, malgré leurs handicaps mentaux, ils sont comédiens profesionnels,l’autre raison est que je suis metteur en scène chorégraphe mais absolumment pas éducateur spécialisé ou animateur ! J’ai un grand respect pour leur travail mais ce n’est pas le mien !



: Vous avez l’honnêteté de le dire !

JB : Oui, peut-être… Mais , en tout cas, il y aurait eu refus de ma part hors de ce cadre… Comme je vous le dit je ne suis pas médecin ou acteur social...









: Comment se sont passés les premières rencontres ?

JB :  Je ai rencontré les comédiens deux fois, une première pendant  3 heures, il ne faut pas oublier la maladie de ces comédiens, 3 heures peuvent être longues..  Puis nous avons entamé un travail  de 5 jours sur la pièce elle-même. Cette pièce est finalement le choc des DVD que j’avais vu, tenter de comprendre l’émotion enfin bref ce ne fut pas simple…



: Pas simple ? C'est à dire ? Et  5 jours , c’est court pour monter une pièce ?

JB : 5 jours, cela dépend pour qui ! N’oubliez pas les handicaps, je me suis heurté à des altérations cognitives, un acteur peut reproduire plusieurs fois, à l’infini, pour exagérer… Eux ne peuvent pas le faire. Théoriser, faire des choses pour la première fois, danser, jouer comme la première fois ! Il y a toujours une surprise, une singularité, une faiblesse mais aussi des forces. Il a fallu trouver un cadre.
La question : comment mettre en scène ce qu’ils sont, que ce soit visible. Donc il a fallu remodeler des cadres, il y a un ordre dans cette pièce, mais dans cet ordre, il y a des accidents, comment retrouver un recadrage, Nous sommes partis sur cette séquence de  présentation, chacun comédien ayant une minute. Une minute, c’est une norme ! Il fallait autant que possible qu’ils restent dans la norme , dans le cadre fixé. Dans la tradition du théâtre, le temps est toujours précis… Après physiquement et en terme de concentration pour eux, c’est énorme !







T : Qu’en tirez vous personnellement ?

JB : Je ne sais comment dire, je fait un théâtre handicapé, je regarde toujours le théâtre qui se déroule devant moi… Dans mes expériences , recherches , tatonnements… Je dirais qu’il y a une forme d’identification, de transfert psychanalitique. Eux, c’est moi… Ces acteurs , c’est moi.... 


Entretien réalisé en juin 2012 par Valéry Poulet


"Credits:
Disabled Theater (2012)
Theater HORA - Stiftung Züriwerk
(c) Michael Bause"






25/09/2012

WEIGHTLESSNESS, Michel Mazzoni



La Lustrerie, Artist Project, présentent  WEIGHTLESSNESS, une installation in situ de Michel Mazzoni

Vernissage / Opening
Samedi 29 septembre - 16h00
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Rue des Palais 153 – 1030 Bruxelles 
GPS : 50° 51' 58.26'' / 4° 21' 58.54'’
STIB : 25, 32, 55, 94 
Contact : 02/244 92 24 – info@artistproject.be




“Je mets en scène des limites géographiques, des lieux que l’histoire semble avoir touchée, désertée, puis abandonnée à leurs propres effacements, et réalise en quelque sorte, une archéologie de l’intangible.”



05/09/2012

LE NORD, TERRE ARTISTIQUE ?


Articles initialement paru dans performArts n°13 - été 2012ART VISUEL 41
www.performarts.net



combat de coqs@Edouard Pignon



À première vue, le Nord n’est pas une région idyllique. Cet ancien bastion ouvrier s’est peu à peu délité, en
quelques chevalements où terrils, traces d’une prospérité ancienne et pourtant si proche. Une terre industrielle et industrieuses, souvenir d’une vie pas toujours rose. 








Une culture qui, heureusement ne se résume pas à ce film bourré de clichés Bienvenue chez les Chti, loin sans faut ! Images pétainistes d’une France immuable. Le Nord conserve l'image d'une région sinistrée, avec un taux de chômage élevé, (les résultats du FN n’y sont pas anodins), où les dégâts industriels, les délocalisations ont fait leurs ravages, où les friches industrielles ne se comptent plus. Mais peu à peu, le Nord relève la tête, entreautre grâce à la culture et le pari de voir émerger un des pôles culturels les plus importants de France semble tenir ses promesses. Le Phénomène Lille 2004, capitale européenne de la culture, poursuivi par Lille 3000 a recréé un important pôle de développement. l’après Lille 2008 fut géré de main de maître, entre les maisons folies, (maisons de quartiers dédiées à la culture), le tri postal, en plein centre de Lille devenu un lieu d’exposition reconnu au plan national (dernière exposition du CNAP, collection Saatchy La route de la soie), de l’ancienne gare Saint-Sauveur, transformée aussi en lieu d’exposition d’art contemporain.





Mais le Nord ne se réduit pas à la ville de Lille. La dynamique s'étend de Dunkerque à Maubeuge. Si les lieux et les institutions principales se trouvent en métropole lilloise, le département du Nord est celui qui possède le plus d’écoles d’arts en France. 
Au-delà de ces grosses institutions, il y a aussi tout un travail de fond mené par de nombreuses associations telles que : résidence d’artistes,  ateliers, aides aux artistes avec 50° Nord et ses parutions trimestrielles
sur l’actualité de la région et transfrontalières, Nord Artistes, la Malterie, une structure de soutien à la recherche et à l'expérimentation artistique dans les domaines des arts visuels et des musiques actuelles de création, Fructôse lieu de résidence et d’ateliers sur les anciens quais du port de Dunkerque. 








Le Nord avec ses extensions géographiques que sont le Pas-de-Calais  mais aussi toute la région transfrontalière est ainsi devenu un territoire en pointe de la création contemporaine, situé au carrefour de la 
Belgique, la Grande-Bretagne et les paysbas. On peut ainsi voir tout cela sous un autre angle : Toutes ces structures, situées dans les friches industrielles abandonnées, du textile et des mines sont une belle vitrine profitant de la proximité et du rayonnement de Bruxelles, grande capitale culturelle qui,entre autre, accueille chaque année l'excellente foire Art Brussels. Mais cette politiquedu tout culturel ne serait-elle que du sable jeté aux yeux, n'intéressant finalement qu'un public d'initiés ? Et cela au détriment de qui et de quoi ? Politique de prestige d'un côté et no man's land à l'abandon de l'autre ? 




Le Nord permet un voyage culturel hors des sentiers battus des images de  corons, de
terrils, d’une industrie textile laminée. Son magnifique littoral fait de plages interminables
permet  de se reposer les yeux de toutes ces œuvres. 
Reste la grande question : la culture peutelle suppléer au manque d'emplois ? Le tourisme culturel est-il une solution ? Qu'en pensent les laissés pour compte d'une région toujours sinistrée ? Force est de
constater que la culture évidemment ne résout pas tout




DUNKERQUE, UN VISAGE CONTEMPORAIN 

Dunkerque ! son carnaval, son port industriel, sa centrale nucléaire (à Gravelines), sa sidérurgie... Hélas, depuis quelques années, le port a perdu la majeure partie de ses dockers, les raffineries ont fermé et la ville a maintenant la réputation d’être économiquement exsangue.






Heureusement, il y a le FRAC Nord-Pas de Calais, le LACC, une partie de l’école d’art de Tourcoing, son musée et Fructôse, une friche industrielle dans les docks, occupée par un collectif d’artistes. Un investissement culturel très fort pour une ville de cette importance,
auquel il faut ajouter la réhabilitation de son théâtre, classé scène nationale.

Le FRAC Nord Pas de Calais, l'un des mieux loti en œuvres acquises, est situé dans un ancien hôpital, à l'extérieur de la ville. Il est amené à devenir l’un des plus modernes de France, en prenant place dans le centre ville, dans un superbe projet d’urbanisation prévu en 2013,
reliant d'autres pôles culturels de la cité. Il gagnera en visibilité et en notoriété sans perdre sa mission de diffusion de l’art contemporain dans la région. Cela sous la direction de Hilde Teerlinck, cheville ouvrière mais surtout conceptrice de ce nouveau Frac, entourée d'une équipe sur-motivée par ce challenge. De nationalité belge, elle a travaillé longtemps à Barcelone, acquérant ouverture d'esprit, inventivité, mêlant rigueur flamande et folie catalane. Forte de cette expérience internationale, elle engage le Frac dans de nouvelles voies. Serat-il à la hauteur de ses ambitions ? Saura-t-il répondre ou susciter une demande ? Ou restera-t-il un temple de la culture de plus ?

Laissons Hilde Teerlinck nous répondre :



Hilde Teerlinck


Valery Poulet : À mi-parcours de votre mandat de directrice, vous
avez connu l’ancien Frac et vous verrez naître le nouveau. Quelles
sont vos impressions ?

Hilde Teerlinck : Elles sont doubles : celle de quitter une époque,
un lieu auquel je m’étais attaché et la grande excitation d’intégrer un
lieu neuf et surtout d’en avoir la primeur ; d’autant qu'étant partie
prenante aux titres de concept et de nouvelle aventure, je me retrouve
dans une position charnière ! Avec cette envie de nouveauté et de
toutes les surprises qu’elle créera, mais aussi avec une certaine
nostalgie de l’ancien lieu. J’ai l’impression de quitter un petit bateau
pour un énorme cargo ! Ce n’est pas sans appréhension. L'équipe
qui m’entoure est dans le même état d’esprit. Beaucoup de choses,
notamment des habitudes, vont changer !


V.P. : Quelles ont été les réflexions préalables à ce nouveau FRAC
dont vous êtes l’une des instigatrices ?

H.T. : Il faut garder la mission originelle d’un FRAC, c'est à dire créer
un fonds d’œuvres conséquent et parlant, présenter et diffuser ce
fonds dans le but de sensibiliser à l’art contemporain le public, les
écoles, les lieux ou l'art est absent, toucher les gens autant que
possible et le mieux possible. Il faut aussi en faire un lieu fédérateur
où l'on puisse se sentir à l’aise, passer un moment, se documenter,
se reposer ; bref en faire un nouvel espace de convivialité. Il ne faut
surtout pas oublier que la mission première d’un FRAC est la diffusion
ce qui le distingue d'un musée. Donc aller vers les gens, leur proposer
sans attendre qu’ils viennent. C’est à nous d’aller vers eux !





V.P. : Selon cette définition, à quel moment jugez-vous qu’une pièce
achetée par le FRAC devient muséale ?

H.T. : Difficile à dire, je dirais environ 20 ans. Beaucoup de critères
entrent en jeu. Certaines œuvres peuvent devenir muséales plus tôt,
d’autres non. Certaines pièces que nous possédons devraient entrer
au musée, l’artiste ayant suffisamment d’assises, possédant une
carrière conséquente derrière lui. Il ne s’agit pas de l’enterrer, loin de
là, mais au vu d'une notoriété, d'un background, ses pièces peuvent
alors prendre place dans un musée, ce qui est loin d’être une
momification.



V.P. :  Ne craignez-vous pas de faire de ce nouveau FRAC un
temple de la culture réservé à une élite ?

H.T. : Comme je le disais, un FRAC a pour objectif d’aller vers les
gens. Nous l'avons pensé pour tenter d’éviter la coupure entre
Happy few et citoyens lambda. Notre localisation actuelle permet
difficilement à ces derniers d’accéder au FRAC. Une fois en cœur de
la ville, il n’y aura pas que les spécialistes qui se déplaceront ! C’est
notre grand pari ! 
Un pari qui se tourne aussi vers la médiation : au-delà de la
convivialité des lieux, je crois fort à la médiation qui, pour moi, fait
partie de cette convivialité. Chaque médiateur doit être en faculté de
recevoir le visiteur comme un hôte et d’offrir à tous le meilleur de luimême ! Tout comme si nous recevions un invité à la maison... Mais
pour l’instant, tout cela reste des envies. Nous verrons en 2013 !
Certainement, des principes de fonctionnement seront à revoir, nous
n’avons pas la science infuse, mais je me sens très optimiste et
l’équipe qui m’entoure aussi !








V.P. : À ce propos, parlons de l’expérience de Maastricht

H.T. : Un vrai bonheur ! À tout niveau, l’accueil, le lieu, tout ! Marres,
une association implantée à Maastricht ayant pour but la promotion et
les échanges entre pays et son directeur Guus Beumer, se sont pliés
en quatre pour nous offrir le meilleur accueil possible. Notamment, la
possibilité de présenter des œuvres du Frac difficiles à montrer ailleurs !
Pour une fois, nous avons pu nous lâcher en terme d’espace et de
présentation, d’échapper au White Cube grâce à de grands plateaux
sur lesquels les œuvres créaient l’espace ! Cette expérience nous a
beaucoup appris pour la conception du nouveau FRAC. Il nous faut
des plateaux tels qu’à Maastricht pour pouvoir moduler à notre aise,
des open spaces pouvant à la fois interagir entre-eux et être rapidement
aménagés. Question circulation aussi, il faut permettre à chaque visiteur
d’envisager son propre parcours. 
Vous allez me dire « quid alors des médiateurs ? » Ä Maastricht, les
médiateurs n'étaient pas là pour faire la visite guidée ni pour sortir un
laïus sur tel ou tel artiste, mais pour renseigner, pour repenser l'écho
qu’une œuvre peut avoir avec une autre, pour dire par exemple :
« regardez cette œuvre et regardez celle-ci, elles ne sont pas les
mêmes mais elles font résonance sur telle thématique ou sur un travail
de matière » ; pour permettre au visiteur de rester libre de sa propre
approche, de son propre jugement, positif ou négatif. Ne pas imposer,
mais confronter, ce fut l’une des grande leçons de Maastricht !


V.P. : Ce fut aussi une grande première !

H.T. : Oui, c’est un peu une fierté d’être le premier FRAC à exposer
ainsi dans un pays étranger et d’avoir eu la possibilité de montrer une
bonne partie du fonds ! J’avoue être assez heureuse de cette réussite !


V.P. : Revenons à Dunkerque. Ce projet n'est-il pas trop ambitieux
dans un contexte économique plutôt morose ?

H.T. : Certes, je connais trop bien les problèmes économiques aigus
qui sévissent dans le bassin dunkerquois et les conséquences
politiques que cela peut entraîner. Construire un FRAC dans une
région sinistrée parait une hérésie. Je suis consciente des réticences
de beaucoup de citoyens mais j’ai l’intime conviction – certains appellerons ça naïveté – de croire que d’ici peu, les Dunkerquois seront fiers
de leur ville, fiers de leur carnaval évidemment mais aussi d’être devenus
une ville moteur en terme artistique ! Regardez l’exemple de Lille ! De
tout cela, nous avons la responsabilité ! Nous avons besoin de la réaction
du public pour activer ou réactiver certaines formules tout en étant
conscient que cela ne se fera pas en un jour ! Il faut du temps pour
l’appropriation d’un lieu. À nous d’avoir comme mission première,
d’accélérer, en quelque sorte, cette appropriation !








V.P. : Pour revenir à la mission du FRAC, comment sera-t-il constitué ?

H.T. :  Nous ne pouvons plus imaginer les FRAC tels qu'ils furent
conçus à leurs débuts. Nous devons être de notre temps ; nous adapter ;
être inventif tout en gardant cet esprit de diffusion, genèse de la mission
des FRAC qui, je le rappelle, ne sont pas des musées. Le maître mot
est : médiation ; servir d’intermédiaire entre le public et nous. Dans un
second temps, l’espace ouvert décrit précédemment doit comporter
des espaces dédiés aux enfants, des ateliers, des espaces dédiés à
d’autres thématiques (par exemple les livres d’artistes), des espaces
documentation et, bien sûr, les espaces d’exposition. L’architecture
des lieux a été pensée pour tout cela, grâce en autre, à cette
expérience de Maastricht. Profitons-en ! Nous devons être capables
de répondre au plus exigeant comme au moins initié, aller dans les
villages, les petites villes, être réactifs aux nouveautés, à de jeunes
artistes émergeant. Être sans cesse dans la nouveauté. Mais une telle
institution doit être portée par tout le monde car ce patrimoine appartient
à tous. Je dis une chose : l’art est à vous ! et pour citer Andy Wahrol ;
« Set the mind in action ! »

© Cabinet d’architectes Lacaton & Vassal
Photographies
© FRAC Nord Pas de Calais42 ART VISUEL