26/05/2011

Body / No body





Un article de Julie Perin, photographe, plasticienne

« body / no body » est la proposition artistique faite jusqu’au 30 juillet 2011, par la galerie Bertrand Grimont et Samy da Silva.

Imag
inez un espace, un lieu de rencontre où la temporalité corporelle est le mot d’ordre de chaque œuvre présentée qu’elle soit statique ou animée. 
A l’entrée de la galerie, se joue un face à face avec les toiles de Benjamin
Renoux, La vie à deux, où ce corps à peine visible, allongé d’apparence inerte vous livre une incroyable sensation entre immobilité et vibration. Accrochée et suspendue au regard, c’est dans la pénombre de la toile, quasi à tâtons que l’œuvre se dévoile dans son intimité, se donne à voir et ressentir sous l’œil caché de la gardienne de Tarik Essalhi sculpture de plâtre posée au sol, d’une blancheur immaculée.
Les dessins de Jean­-Luc Verna, Sophie Jodoin et Patrick Bernatchez viennent quant à eux vous percuter de manière plus frontale et tranchée où chacun des artistes proposent un univers sous tension entre réalité et imaginaire, vie et mort.
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16/05/2011

PASSAGE AU FLOU

















Le flou est-il une pudeur ? Un refuge ? Un art de jouer d'un effet esthétisant, pictorialiste? Une façon d’esquiver le réel ? De se détourner de celui-ci ? Ou alors quelque fois d’augmenter son acuité ? A-t-on toujours besoin de netteté pour y voir clair ?
Maciek Stepinski, avec cette série « Go with Peace » nous interroge sur la nature de notre regard : la netteté serait-elle toujours garante du réel, de la véracité des choses ?



ELLE
Quatre fois au musée à Hiroshima. J’ai vu les
gens se promener. Les gens se promènent,
pensifs, à travers les photographies, les
reconstitutions, faute d’autre chose, à travers les
photographies, les photographies, les
reconstitutions, faute d’autre chose,
(Dialogue extrait de « Hiroshima, mon amour », film d’Alain Resnais



courtesy@ Maciek Stepinski



La série « Go with Peace », réalisé dans une zone de conflit, quelque part entre Israël et Palestine prend la forme d’un road-movie. Ce choix de road-movie apparait comme important, il implique un déplacement d’un endroit à un autre, une errance, où la temporalité ne se fixe pas, où l’espace évolue sans jamais se fixer. Une temporalité qui fluctue le temps d’un trajet, parfois une pause, jamais très longue… Maciek Stepinski, en quelque sorte, métaphorise ce temps, cet espace qui court, un parcours personnel, subjectif. Le road-movie est une fiction qui se déroule…


courtesy@ Maciek StepinskI



« je me suis éloigné de la vérité documentaire
pour créer des fictions, des déjà-vu, des séquences d’un film
qui n’existe pas, un défilé d’images rassemblé par un choix
particulier, non aléatoire. Dans ce monde imaginaire, mais
existant, des éléments ont été effacés, remplacés. Ces
modifications me permettent de poser un regard personnel… »
Maciek Stepinski in Dossier de presse de « Go with Peace »




courtesy@ Maciek Stepinski



Des traces du conflit, peu de choses, en fait ; carcasses qui trainent, des panneaux en bord de route, illisibles… Habitations… Cette zone pourrait en être une autre, les détails manquent… Peu identifiables… Flous par la vitesse du véhicule qui transporte le photographe, flous par la volonté de celui-ci
Il ne s’agit pas chez lui, d’une dérobade, d’une façon de dire « Cachez-moi ce sein que je ne saurai voir ». Ce ne serait être la raison de l’utilisation de ce flou systématique, cette raison est plus profonde et ne recule pas devant les faits.



courtesy@ Maciek Stepinski


A contraire, ce flou vient prendre place au milieu de la situation. Ce flou systèmatique, intégré dans chacune ses photos n’est-elle pas plutôt, une autre façon de représenter un conflit apparemment, simple, manichéen au premier abord, mais dont les écheveaux sont bien moins faciles à démêler qu’il n’y parait… De pointer le doigt sur ces inconnues qui nous échappent et qui échappent au photographe lui-même ?  Ne point fixer aussi, permet d’atteindre une certaine universalité de regard… Israël ou pourquoi pas la Lybie, la Syrie…  Une volonté de ne pas isoler… D’user d’une profondeur de champ sélective…


LUI
Tu n’as rien vu à Hiroshima. Rien
(Dialogue extrait de « Hiroshima, mon amour », film d’Alain Resnais


Que montre juste Maciek Stepinski, dans ses photographies, que non parfois, la netteté, l’effet de réel, ne fait pas force de preuve… Il est possible aussi que Stepinsky n’ait rien vu… Alors,  le photographe poursuit sa fiction,  traverse et suit juste son chemin : voir, avoir pu voir, qu’importe… Alors les photographies deviennent ouvertures que chacun reconstruit comme il peut… Et dont seul Maciek Stepinski garde, en silence, pour lui seul, le secret diffus…


"Go with Peace"
Maciek Stepinski

Saffir, galerie nomade
Du 12 mai au 18 juin 2011
Vernissage le 13 mai à partir de 18h30
 Nocturne le 13 mai 2011 jusqu’à 22 h

32 rue Saint-Jacques . 13006 Marseille
www.saffirgalerienomade.com