03/06/2010

TOUT CORPS ...





















Tout corps plongé dans un liquide subit une poussée verticale dirigé de bas en haut, et d'intensité équivalente au poids du liquide déplacé…

Les corps de Jennifer Lund subissent tous la loi de la poussée d’Archimède, certains tentent d’y resister, d’autres se laissent flotter, dériver, … Corps d’hommes, corps de femmes aux attitudes diverses, certains repliés sur eux-mêmes, d‘autres en expansion, en symbiose… Mais aussi en résistance face à l’élément aquatique tel cet homme semblant relever le défi d’Archimède, le bras tendu, allure martiale de super héros, allure prométhéenne d’un instant de triomphe… Jennifer nous propose donc des corps plongés dans un élément qui n’est pas le leurs… L’élément aquatique, mais élément primordial, ne nous propose –t’elle pas une espèce de grand retour vers l’élément matriciel, vers cette liquidité amiotique originelle ?



Les attitudes de résistances, d’abandon, ou d’osmose ne sont-ils pas révélateur de nos attitudes quotidienne ?

Ces attitudes sont vu par le miroir déformant de l’eau… Les contours deviennent flous, se déforment, les membres se dédoublent… Deviennent ambivalent, la nudité n’apparaît plus dans toute sa crudité mais devient filtré par les effets de reflets, où se trouve la vérité des corps, où se trouve la vérité de l’image ? Jennifer Lund se joue ici de cette vérité ; avant d’entrer dans l’ère du soupçon, la photographie fut longtemps considérée comme un document fiable. La photographe nous donne à voir l’image et son reflet, nous plonge dans l’indistinction, s’amuse de la proximité de la photographie avec la réalité, qu’elle déforme à plaisir.




« La photographie est une machine à capter plutôt qu’à représenter. Capter des forces, des mouvements, des intensités, des densités, visibles ou non ; non pas représenter le réel, mais produire et reproduire du visible (non le visible) »
La photographie André Rouillé

Jennifer Lund joue avec ce principe fondamental de captation. Mais que voit-on exactement ? Est-ce bien cette homme ou cette femme que nous voyons ou est-ce son reflet ? Nous sommes comme pris dans la caverne où se projettent les ombres agitées. Pouvoir illusioniste de la photographie proposé dans cette série par la photographie. Voilà ce que nous voyons, le temps, le mouvement se retrouvent distordus. Dans les interstices du temps viennent se prendre et se suspendre les chatoiements liquides des mouvements.



Dominantes bleues et vertes, nudité des corps viennent renforcent cette impression irréelle d’atemporalité, cette suspension du mouvement et du temps… Le mouvement dure un temps et s’abolit dans le flottement... Finalement, comme Ophélia, morte, flottant au gré de l’eau, recouverte de sa robe d'éternité, nous ne sommes que "99% waters"...




"99% Water"
Jennifer LUND
Jusqu'au 3 juillet

RIFF ART PROJECTS
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