20/11/2013

PAT Mc CARTHY/ ENTRE ART ET LITTERATURE



« Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ; Mon manteau aussi devenait idéal »
La bohème Arthur Rimbaud
Avec la force de la légèreté, de la simplicité, Pat McCarthy, jeune artiste new-yorkais de 26 ans, s’ancre dans les pas de la Beat Generation,…. Entre art et littérature, voyages, chroniques, autofictions prennent une place              particulière, comme un envol…..












Pat Mc McCarthy écrit et imprime des fanzines puis, il les distribue, à l’occasion de rencontres où simplement à la volée comme une offrande. . Ceux-ci contiennent des textes, des photos et finissent par constituer une somme et devient un véritable journal de bord, où s’entremêlent l’intime et l’événement, au gré des pérégrinations de l’artiste à travers le monde. Poésies, témoignages, faits réels , vagabondages de la pensée peuplent ces fanzines

Ces petits fascicules sont, photocopiés en nombres variables, de même que le nombre de pages n’est pas toujours le même. En un noir et blanc, très contrasté parfois, ils font une référence explicite à l’esthétique trashy, de la mouvance « Punk », musique qui revêt une grande importance chez cet artiste. Le rock n’ roll vient, en général, nourrir son univers. Par exemple Born to kill le titre de son fanzine est une référence directe à Johnny Thunders "Born to loose"



Born to Kill Fanzines, 2009




A l’instar d’un Kérouac, Pat Mc Carthy ne cesse de bouger. Chaque ville , chaque village, chaque lieux l’investissent dans le sens large du terme. Dans ces fanzines, il nous fait part de ses « Impressions » au sens Coltranien, sur les lieux, sur ses états d’esprits , sur des évocations… Parfois loin, très loin de la contrée où il se trouve…









En parallèle, sont présentées deux pièces en porcelaine, l’une est dont l’original serait une espèce d’abri, fait de bric et de broc, c’est en fait un pigeonnier fait de matériel de récupération divers et l’autre une série d’écuelles posées l’une sur l’autre. Les mêmes que l’on pourrait retrouver dans les niches du pigeonnier, Le tout est finement réalisé, mais parfois sur les assiettes, des empreintes de doigts apparaissent. Ces traces ou indices ne sont pas anodins. Ils renvoient à la part autobiographique de l’artiste, celle revendiquée dans les fanzines..


"Coop, 2013"



Pat Mc Carthy élève véritablement des pigeons sur le toit de l’immeuble qu’il habite à New-York.. Idée farfelue, a priori, mais les pigeons voyagent eux aussi , ils apportent leurs propres histoires, leurs propres paysages qu’ils tiennent secrètement. Qu’il y a –t-il dans la tête d’un pigeon quand il passe de rebords en rebords, de bâtiments en bâtiments, quand ils élargissent leurs cercles autour du pigeonnier et s’aventurent de plus en plus loin ? N’oublions pas non plus qu’un pigeon sert de messager !
Tout autant que les Fanzines qui rendent compte d’un concert, d’un livre sont considéré comme du « Junk » magazine, un autre point commun, cet oiseau est souvent considéré comme un animal nuisible, détériorant la pierre par ses étrons, un animal « Junk » tout comme les papiers trainant au sol ! Alors que paradoxalement, il nettoie le sol de ses détritus, en véritable vautour urbain…. Il vit parmi nous mais toujours en marge, à côté…


Nestbowls,2013


Mais la comparaison n’en reste pas là, revenons à l’offrande, Pat Mc McCarthy offre une part de lui-même, les pigeons qu’il élève, peuvent être porteurs de nouvelles, Il y a cette idée de vol, de légèreté, des feuilles, des ramages, de même que les matériaux employé pour ses sculptures, la porcelaine. Tout semble se jouer dans l’infra- mince, le précaire de cette cabane,( qui n’est pas sans rappeler qu’au sol de cette mégapole, des gens vivent dans les mêmes conditions que ces pigeons) répond au précaire de ces feuillets. Une légèreté de l’innocence ? Pas si sûr…

Valéry Poulet


Pat McCarthy 

Jusqu'au 18 janvier 2014

Delire Gallery
Rue de Praetere 47D
1050 Brussels
www.deliregallery.com