12/05/2012

BEAUFORT 04 : AVEC LA MER DU NORD....





La triennale BEAUFORT 04, après sa dernière édition consacrée aux hommes et la mer, s’empare de l’Europe comme thèmatique. Elle s’étend sur environ 65 kilomètres de littoral ! En effet, plusieurs artistes, 20 au total sont invités à installer leurs œuvres le long du littoral belge. La thématique de l’Europe, des échanges européens n’est pas sans résonner avec une certaine actualité. Le choix de ce thème tombe à point nommé.













Des artistes venant de Finlande, Suisse, Belgique, Malte ont répondus présent. Beaufort 04 ne se définit pas et c’est là, l’une des intelligences de ses choix dans une Europe strictement politique, mais dans une Europe géographique. Pour reprendre les propos de Philp Van den Bossche, jeune commissaire de BEAUFORT 04 et directeur de Mu.ZEE. « …Cette manifestation mise sur des récits d’artistes européens. Non des contes nationaux mais des œuvres, indirectes, plurivoque, nuancées. Les artistes nous invitent à dépasser là où les histoires nationales qui nous sont propres, sont souvent subjectives… ».



Waiting tthe climate " Isaac Cordal


Des récits, des propositions, souvent différentes les unes des autres, qui se placent au-delà du formel, car au-delà de l’Europe, cette triennale interroge le statut de l’œuvre d’art placée dans l’espace public, comment elles jouent, se fondent ou s’opposent à cet espace. Discrètes, mimétiques ou alors voyantes, imposantes, monumentales, comme celle de Bernard Vent, d’autres se fondent dans le paysage comme celle de Kounellis ou des frères Chapuisat, certaines relèvent de l’infra-mince comme celle réalisée dans la maison Hurlebise par Nedko Solakav, petites écritures dispersées comme un jeu de piste dans une maison. 

The mumbling" Nedko Solakov 


Une thématique domine, celle de l’écologie comme par exemple la proposition de Marco Casagrande.
Certaines oeuvres seront pérennes, d’autres non, cette donnée joue aussi sur le choix des matériaux, des évolutions de l’œuvre dans le temps, de l’usure, du pari engagé. Pourquoi cette œuvre plutôt qu’une autre. Comment vous-elles se fondre, s’adapter au public mais surtout aux habitants qui seront amenés à vivre avec elles quotidiennement. Se pose ici la question du monument public, cette question est large, elle va des monuments aux morts commémoratifs à des œuvres vivantes.


"tripod" Zilvinas Kempinas


Cette triennale interroge  les rapports de l’architecture et de l’intégration des œuvres dans  celle-ci notamment sur une côte bétonnée où les espaces sauvages sont rares… Elle pose le principe de la commande publique car une partie des œuvres sont achetées à l’instar de « la tortue » de Jan Fabre.ou des drapeaux de Buren.




"Sandmord" Marco Casagrandre



Comment appréhender ses œuvres, pour la plupart des sculptures, dans leurs globalités ? Il est évident qu’elles entament un dialogue entre elles mais aussi avec les œuvres des éditions précédentes devenues pérennes. Faut-il les appréhender chacune d’entre elle comme une entité à part, comme des éléments isolés et autonomes ? Les cheminements sont multiples. D’ailleurs, la proposition essentielle de cette biennale est bien celui-ci ! Comment embrasser une globalité ? Comment s’amputer de cette globalité ? On ne peut que répondre : le choix se fait de soi-même comme il en est ainsi dans les allées d’une foire, d’une biennale. Des œuvres nous interpellent, nous attirent, d’autres nous repoussent, nous éloignent. Cet enjeu tient son importance pour un public pour la plupart néophytes.



"tritons" flo koearu


Une belle confrontation et aussi un beau voyage qui recèle bien des secrets dans les interstices de ses barres bétonnées… Un public estival de vacanciers… Et puis qui a dit qu’il pleuvait sans cesse dans le Nord ?

                                                                                                                  Valéry Poulet