30/04/2012

AGITATION SPONTANEE

Texte initialement mis en ligne sur http://www.nordartistes.org/


Manifester seul à Rostock, une pancarte à la main, devant des passants intrigués, diriger une Harmonie municipale dans la rue, vêtu d’un juste-au-corps noir, de même : composer la musique et diriger un Orchestre de chambre… Jusqu’où ira François Lewyllie dans ses facétieux happening ou performances ? Il ose tout  et sans complexe !





Celui-ci pratique l’art du dérisoire et pourrait paraître, au premier abord, comme un joyeux iconoclaste, qui, pour un peu, se payerait la tête du client. Certes cette dimension, bouffonne, burlesque, il la revendique pleinement. L’art est-il vraiment aussi sérieux pour qu’on ne puisse en rire, s’en bafouer, le ridiculiser, le désacraliser ?
« Séduire soit. Mais aussi bien railler, se moquer, rendre (et se rendre) détestable… Cette tribu (d’artistes), pour disparaître qu’elle soit, s’accorde sur ce point : le mot « art » s’écrit sans majuscule, il s’agit de le rendre quelconque « sans qualité » dira-t-on après Robert Musil, de la tirer au mieux vers le bas. Le Low plutôt que le High, parce que le moins, le mineur, le soustractif eux aussi méritent d’être célébrés ».
*Paul Ardenne in « Art le présent »






François Lewyllie fait partie de cette veine, il ne peut s’empêcher de truffer ses œuvres de pièces saugrenues même dans ses installations les plus sérieuses. De la belgitude, ou plutôt de la « belge attitude » se love dans ses travaux. Dans chacun d’eux vient se mêler le grain de sel qui fait dérailler le bel ordonnancement auquel on s’attendrait. Objets dérisoires et jeux de mots parfois limites, viennent nous interroger et nous oblige à nous positionner dans une forme de perplexité, est-ce de l’art ou du cochon ?  Lewyllie se situe dans et revendique cette lignée belge qui passe de Magritte à Broodthaers, en passant par un artiste comme Eric Duyckaerts ou à un degré moindre Wim Delvoye, le mouvement Fluxus prend aussi toute son importance. Une lignée imprégnée de ce surréalisme Belge si particulier et beaucoup plus « fun » que le sérieux d’André Breton. Il y aurait bien des deux mon capitaine ! De l’art oui ! Du cochon dans le désamorçage des codes, dans l’impertinence, dans les jeux de mots faciles qu’il multiplie avec plaisir : comme dans une œuvre intitulée « Tauromaché ». François Lewillie explore le côté absurde et dérisoire de la langue, la dynamite, pour en créer une dimension ludique, enfantine, presque. Un héritage là encore du surréalisme belge. Le « ceci n’est pas une pipe » de Magritte, les machines volantes de Panamarenko. Lewillie joue de l’absurdité des choses, les remet à leur place, les désacralise. Le spectateur se perd en conjecture mais y retrouve de son esprit joueur, grâce à cette impertinence face à l’œuvre d’art bien tempérée.






Ses réflexions,  sa démarche sont plus sérieuses qu’il n’y paraît et dépassent la blague de potache indiscipliné. Son travail vient titiller celui qui regarde par de multiples pièges, aux contours pas toujours discernables du premier coup d’œil.
Dans « Les animaux », par exemple, série vidéo consacrée au sujet éponyme,  Lewyllie s’amuse, interpelle des chevaux, imite lui-même le cri de la spatule d’après une définition écrite dans un livre, nous entraîne au balancement d’un éléphant (répétitif jusqu’à l’ennui), décompose la chute d’un chat et encore, et encore… Tant de processus se rapprochant des vidéos-gags télévisés, mais aussi une réflexion sur notre façon d’observer, de percevoir ce qui nous entoure, de venir fouiner dans l’anodin d’une scène somme toute quelconque.
« Avec la porcelaine et le but de football, la bonbonne à gaz ou la bétonneuse en bois, je me confronte à l’impuissance de faire un message élevé à travers un objet banal… J’essaie que chacune de mes pièces soit héroïque, mais je laisse tomber à chaque fois. Les blasons sont héroïques, mais ils sont sur des planches à repasser ».
*Wim Delvoye « Entretien avec Nestor Perkal » in Wim Delvoye, Musée départemental de Rochechouart





François Lewyllie nous amène à des confrontations, non pas similaires à celle de Wim Delvoye mais avoisinantes, dans ses installations constituées de matériaux pauvres, voire de matières fécales qui se disputent la place avec des objets aux matières plus nobles comme le bois et la porcelaine.
Se disputer la place, là aussi nous touchons à une problématique importante du travail de Lewyllie. Il ne s’agit pas d’interpréter à tout prix une installation, cette interprétation est l’un des dispositifs qui piège le regardeur, mais plutôt de scruter du côté des agencements, des écarts entre les objets, entre les échelles de tailles. Plusieurs des objets chinés, ou à valeurs sentimentales, sont récurrents dans les installations de Lewyllie. Il crée son propre vocabulaire, une boîte à outil dans lequel il vient piocher, des outils et des moyens qui viennent jouer, se déjouer, s’agencer au grès de son inspiration, de ses envies.
La prise en considération de l’agencement des lieux où l’installation prend place, est un élément important, voire primordial pour l’artiste. Il prend un soin particulier à jauger, à disposer, selon la topographie du lieu.






On peut ajouter à tout cela que Lewyllie est un excellent dessinateur, il entretient d’ailleurs un rapport très particulier avec le dessin, ceux-ci sont omniprésents dans ses installations. Il les traite de en utilisant différents papiers, dessins à main levée mais aussi d’après modèles dont il ne prélève souvent qu’une partie, l’isolant de son contexte.
François Lewyllie entretient aussi des rapports particuliers à la musique, souvent en dilettante et se livre à des performances musicales allant de l’improvisation au cor qu’il traite dans l’esprit de  John Cage avec son fameux « piano préparé ». Lewyllie prend la direction d’une formation classique qui interprète ses propres compositions, n’ayant cure des défauts et imperfections qu’il provoque. La musique prend donc une grande importance  dans les créations de François Lewyllie. 
Dessins, musiques, assemblages, ready-made, écriture…
Est-ce toujours « de l’art ou du cochon » chez François Lewyllie ?

Par Valéry Poulet

Un très grand merci à Isabel Guérin de Nord Artistes www.nordartistes.com

06/04/2012

ARTBRUSSELS 2012





En quelques mots, une très brève présentation de Art Brussels 2012... 
Une foire reste un lieu de vente, souvent aussi un lieu de marathon visuel et non d'exposition. L'intérêt principal, la découverte de nouvelles galeries,  se faire une idée globale sur ce qui se crée de part et d'autres du monde... Mais attention l'art ne s'arrête pas qu'aux foires








Cette année, Art Brussel, accueille 185 galeries de 25 pays différents regroupant près de 2 000 artistes. L’espace structuré en trois sections afin de permettre plus de lisibilité  recevra :

En First Call, des galeries participant pour la première fois à Art Brussels comme D+T Project (Belgique), Gaudel del Stampa (France) aussi que plusieurs galeries allemandes, Chert Berlin , Exile, krome ,Tanya Leighton

Dans la section Young Talent, des galeries accueillant des artiste émergents. Parmi celles-ci, des nouvelles galeries seront présentes comme Anyspace , et Waldburger pour la Belgique, Ellen de Bruijne , Juliette Jongma  et Motive gallery pour les Pays-bas, Cruise&Callas , Andrae
Kaufmann, Koal, Kwadrat , PSM, Florent Tosin et  Tanja Wagner pour l’Allemagne. A noter la présence d’une galerie austrilienne, Neon Par et tchèque, Hunt
Kastner.

Enfin, la section la plus importante, celle des galeries confirmées dont nous ne citerons pas ici les noms, habituées des foires internationales, viennent rejoindre cette section d’autres galeries comme Tim Van Laere et Axel Vervoordt pour la Belgique ou Michael Janssen pour l’Allemagne et Alain Gutharc  et la galerie  Xippas pour la France.

Bien sûr, la liste n’est pas exhaustive, loin de là…
Une nocturne Grand Public sera organisée le jeudi 19 avril, placée sous le signe de la mode.
Bien sûr la foire sera présente hors les murs dans la ville. Sans parler du festival Off !!!



Quelques visuels pour vous mettre l’eau à la bouche....!



Title: Untitled  Name: Hannelore Van Dijck Year: 2011  Measures: 115,5 x 240  Technic: Charcoal on Paper  Copyright: Hannelore Van Dijck
Title: Untitled
Name: Hannelore Van Dijck
Year: 2011
Technic: Charcoal on Paper
Copyright: Hannelore Van Dijck



Title: Desnatureza
Name: Henrique Oliveira
Year: 2011
Measures: installation in situ
Technic: bois, ciment, pigments
Copyright: Courtesy Galerie GP & N Vallois


Title: Kleidungsraum
Name: Käthe Hager von Strobele
Year: 2008
Copyright: Käthe Hager von Strobele / Galerie Raum mit Licht


Title: 2008_08zL0215 (hangers in cave)
Name: Alec Soth
Year: 2008
Copyright: Alec Soth
                                                                                

Title: Bein
Name: Martina Sauter
Year: 2011
Copyright: annex14 and the artiste 



Title: S.T. Juste après le noir et le blanc –Hommage à Edouard Glissant
Name Peinado Bruno
Copyright : Roberto Ruiz, ADN Galeria





Title: The Feast of Trimalchio: The War of the Worlds
Name: AES+F
Year: 2010
Measures: 205 x 290 cm
Copyright: AES+F


Title: Le Fracas
Name: Gustavo Riego
Year: 2011
Copyright: Gustavo Riego


Art Brussels 2012 :
30e édition : jeu 19 – dim 22 avril 2012 www.artbrussels.be
Heures d’ouverture :
Foire : jeu 19 – dim 22 avril : 12 h – 19 h
Nocturne : jeu 19 avril 19 h – 22 h
Brussels Expo - Halls 1 & 3
Place de Belgique, 1
BE-1020 Brussels

Facebook: http://www.facebook.com/pages/artbrussels/139671383176
Twitter: http://twitter.com/ArtBrussels




04/04/2012

ARNAUD COHEN: PENETRATIONS ECONOMIQUES



L’exposition "Ruin of now" d’Arnaud Cohen relève d’une dimension indéniablement politique. Ce politique, plutôt ce qui touche le politique, dans le sens moderne du terme, implique des notions de pouvoir, souvent souterrains d'où le sous-titre "Une archéologie du contemporain". 









Ces potentialités du pouvoir créent une aura de puissance, notamment sexuelle. Des fonds reptiliens de mâle dominant reprennent surface avec le pouvoir. Le pouvoir attribue à celui qui le possède, celui d’être prodigue en sexe. Cette croyance procède de la « mana », de la magie attachée à la hiérarchie du pouvoir.

Cette strate du travail d’Arnaud peut passer inaperçue derrière le titre de l'exposition. Non pas qu’elle y soit noyée ou gommée, mais parce qu’elle y est tellement induite qu’elle finit par s’effacer. Alors que cet aspect du travail d’Arnaud Cohen est indéniablement lié à son œuvre et qu’il est une composante du système libéral que nous subissons : un système pornographique, sous toute ses formes.
Revenons à la mise en espace initiale, à l’extérieur, sur les façades, le regardeur est mis en position de voyeur ; le côté peep-show, vitrines à prostituées en néons clinquants, la couleur rouge et bleu électrique, couleurs vives, racoleuses fait tout pour appâter le client. Il ne reste plus que les prostituées exposées à la vue de tous,  
Le fond est opaque, ce qui signifie qu’elles sont au travail. Mais l’invitation à pénétrer dans le lieu, dépasse notre vertueuse pudicité et aguiche notre curiosité. Attendre que la porte s’ouvre et pénétrer dans l’antre. Comme une gondole de supermarché, le sexe est un business, lucratif, le libéralisme en utilise les mêmes procédés. Arnaud Cohen ose l’interrogation : l’artiste est-il une pute ? de luxe certes pour certains mais une pute. Il se vend, non pas son corps, mais il se vend au-delà de son œuvre ! Il vend son capital symbolique !


arnaudcohen, courtesy @galerie Laure Roynette 
                  


Le processus post-moderne, la fin de l’histoire participent de cette invitation à consommer. Internet est le plus grand pourvoyeur de sexe au monde, une véritable économie, la plus rentable en tout cas ! Et de surcroit virtuelle, comme les masses d’argent qui s’échangent virtuellement. Jeff Koons, ex-trader, ce qui n’est pas un hasard, a su tirer son épingle du jeu poussant le bouchon jusqu’à se mettre en scène avec la Cicciolina, en de nombreuses positions scabreuses. Il ne s’agit pas ici de formuler un jugement moral. Il faut savoir appeler un chat, un chat. Comme le prolétaire vend sa force de production, l’artiste vend la sienne, faisant l’aguicheuse, ce que démontre en quelque sorte, Arnaud Cohen.

Osons entrer donc malgré l’opacité des vitrines après avoir vaincu notre timidité première. Notre libido passe par le phantasme mais se nourrit aussi du scopique : la position du voyeur. A l’intérieur, que découvrons-nous, d’abord une grande colonne, avec une chèvre à son sommet, puis deux autres tronçons de la même colonne, en les réunissant ces vestiges laissés là, se reconstitue une bouteille de coca-cola, qui au-delà du symbole évident de l’écroulement de l’empire, détient une connotation explicitement sexuelle par sa forme rappelant le corps d’une femme. Arnaud Cohen s’en amuse aussi, chaque tronçon est ainsi à l’endroit de la coupure doté d’une fente visible en son centre. Des colonnes vaginalisées ? Un système de canalisation qui irriguerait une partie souterraine dont la chèvre serait la source ?


arnaudcohen, courtesy @galerie Laure Roynette 



La confirmation de cette hypothèse viendrait de cette chèvre qui domine le lieu sur la plus haute des colonnes. Une chèvre ou alors plutôt  Amalthée qui allaita Zeus durant son enfance. Une seconde version, d’après Ovide, Amalthée, une naïade, fut chargée de nourrir Zeus enfant, avec une chèvre. Un jour, elle brisa l’une des cornes qui devint la fameuse  « Corne d’abondance ». Une symbolique qui illustre bien notre stade de civilisation où le libéralisme promet la corne d’abondance pour tous ! Sans bien sûr tenir celle-ci.
Lait, fentes dans les colonnes, phallus brisé ? Urètre ? Vagin ? Hybridations ou féminin et masculin se mêlent , Arnaud Cohen nous mène peu à peu vers le séminal, la liquidité, dans le sens économique mais aussi organique. L'expression "avoir des liquidités", Amalthée, femme-fontaine... Une bouteille de coca, gode gigantesque à l'abandon dans une forêt, corps allongé d'une femme, offert ou sacrifié ?






arnaudcohen, courtesy @galerie Laure Roynette 



L’artiste guide, tel Virgile, le spectateur-voyeur, plus loin encore, dans les cercles de l'enfer...  Une pénétration qui nous mène vers un second espace de l’exposition, une seconde strate de ce parcours archéologique, un autre cercle... 
Les objets posés juste avant de s'enfoncer dans cet espace, renvoient à des références directes ; les pharaons enterrés avec leurs objets familiers, à certaines civilisations où les femmes ou concubines étaient sacrifiées pour accompagner leurs époux  dans l’au-delà. Encore là, le rapport étroit entre pouvoir et sexe. Ceux-ci viennent marquer les limites entre un monde visible et un monde occulte.


"Vous qui entrez, laissez toute espérance"
Dante, L'enfer


Cet espace est plongé dans une semi-pénombre: un mausolée mais l'hypothèse d'un espace vaginal pointe. Ne serions-nous pas parvenus au bout de cette fente qui transperce les colonnes sur leurs longueur?  L'exploration s'enfonce de l'apparence de la surface à son intimité . 

Monde caché, monde intra-utérin. Les fentes de ces colonnes sont reliées à cette seconde strate. Ces vestiges déchus, abandonnés furent-ils alimentés par de mystérieuses échanges de sèves, émanant de ces strates souterraines. "Archéologie du contemporain": métaphore d'une civilisation dont le pouvoir occulte,  sans visage, conseils d'administrations, actionnaires anonymes, fécondant, alimentant la surface peuplée d'esclaves consommateurs, et sur lesquels ils exercent un droit de vie et de mort ou de cuissage. Amalthée comme symbolique de l'être exploité mais placé sur un pied d'estal. 



@anonyme


Revenons dans ce monde de ténébres... 
La liquidité, le séminal se retrouvent, de façon troublantes, avec un mannequin féminin allaitant un autre mannequin, un enfant. Cette opération s’effectue  par le truchement d’un tuyau reliant le sein de la femme à la bouche de l’enfant, eux-mêmes implantés de tuyaux dans le crâne.  Pas de contact direct, le tuyau relie mais aussi sépare et empêche tout contact physique avec le sein. Zeus, enfant élu, affirmera tout son pouvoir et sa puissance virile plus tard ! 

Cette sculpture évoque la virtualité de nos rapports sexuels, de nos rapports tout court;  circulations de flux invisibles, virtuels, intouchables, des chiffres défilent à Wall Street, à la City, comme d'innombrables spermes ou ovules... Comme des vierges farouches, futurs trophées de Zeus, alors symbole, lui aussi, intouchable, dont le don de sa semence fait de certains d'entres nous des demis-dieux.


De terribles souvenirs émergent ! Cette sculpture nous évoque l’eugénisme, une pureté à préserver dont le résultat sera l'acquisition de la puissance par cette pureté   
Qui dit pureté, dit inceste !
Cette strate souterraine, cette archéologie vers laquelle nous renvoie Arnaud Cohen nous renvoie à une histoire récente et tragique, celle du nazisme. En évoquant l’antre d’une machine infernale qui procrée, nourrit, évacue tout principe de plaisir, le choix du mannequin, standard de beauté, de plasticité, d’une époque, nous donne à réfléchir à notre monde qui modélise le corps…
Nous sommes là face un mode de (re)production visant à uniformiser, à cloner, à réifier. Terribles souvenirs trop récents qu’Arnaud Cohen, avec intelligence dispose dans ce sous-sol.



arnaudcohen, courtesy @galerie Laure Roynette




Ces bustes, demi-dieux mortels, trépanés, des tuyaux sortent de part et d’autre de leurs têtes. Sont-ils coupés de la matrice, sont-ils les témoignages et les vestiges d’une civilisation où la pornographie est tout et le sexe rien ? Ersatz de vie artificielle, asexuée ? Pour toucher, il faut payer, pour voir aussi il faut payer ! Internet le plus grand pourvoyeur de sexe se paie ! Le sexe par procuration, au bout de la carte de crédit que l'on glisse dans une fente, celle-ci est virtuelle  Arnaud Cohen nous montre-t-il la mort métaphorisée  de la religion libérale dans ce caveau ? Tombeau témoin d’une société où se trame notre mort, où se trame les arcanes du pouvoir libéral que dissèque Arnaud Cohen. Un pouvoir sans visage ! Ironiquement,  le ready-made installé au centre, une boite non déballée, une offre combinée de chez Toys'R Us, le best seller du rayon filles de Noël 2010  avec une poupée ménagère, espèce de Blanche-fesse, avec à ses côtés, une cohorte de nains jardins. Ne demanderaient-ils pas qu’à la déflorer ? Elle tient ici le rôle d’une allégorie du capitalisme, qui reprend l’inscription de la vitrine « pour acheter, il faut payer », cette poupée est un trou sans fond, un trou ménager assigné à son rôle de pondeuse de consommateurs exploités.






arnaudcohen, courtesy @galerie Laure Roynette 

Le chemin se termine, un bras tendu, dans la main, braquant un pistolet indique la fin du parcours, mais aussi une série de smiley faite de pièce anciennes dont certaines sont frappées de la francisque. Les crises économiques mènent souvent au fascisme, au retour de pensées réactionnaire, avec son lot de xénophobie, de laissés pour compte, dont le fascisme manipule les pensées. Fascisme comme dernier rempart et alternative d'un système libéral perdu dans son irrationaité, dont les pantins politiques bandouillent mous, incapables, telle cette série de nains de déflorer quoique ce soit. Les leçons du marxisme sont loin d'être caduques.

Le bras est évidé à l’intérieur, une carlingue d’avion vide s’y trouve… Pénétrons alors notre propre bras dans le moule et... 
Arnaud Cohen, un appel au fist final !


                                                                                                                Par Valéry Poulet