« Flying » toiles aux images en suspension dans l’espace blanc d’un cadre est une nouvelle proposition d’Ilya et Emila Kabakov qui au-delà d’un dispositif formel nous interrogent sur le dessous des images…
D’abord en première instance, ce qui marque ce sont les images que nous montrent Ilya et Emilia Kabakov, des images qui nous parlent d’un pays de cocagne, où tout ne semble que calme, abondance et bonheur…
Un choix de sujets, paysans, ouvriers dans leurs activités, visages réjouis, descriptions d’un monde radieux… Image d’un monde idyllique où enfin le monde serait parfait et dont il n’y aurait plus nul besoin de s’échapper, de s’envoler… Cet air de déjà-vu renvoie à une réalité autre…
Un certain vocabulaire esthétique précis qu’on a appelé le Réalisme socialiste définit comme suit lors du premier congrès des écrivains soviétique qui se tint à Moscou en Août 1934
" Une représentation véridique et historiquement concrète de la réalité dans son développement révolutionnaire. Il doit en particulier contribuer à la transformation idéologique de l'éducation des travailleurs dans l'esprit du socialisme ".
Cette définition de ce que devait être l’art socialiste eut les conséquences que l’on connaît ; d’abord d’accuser les avant-gardes notamment russes de formalismes petit-bourgeois, d’assujettir l’art à des fins politiques, à l’instrumentaliser. Le résultat fut de déployer une production artistique lénifiante, figée dans des canons édicté par le régime totalitaire que fut l’URSS de Staline...
Ilya et Emilia Kababov s’approprient donc cette imagerie. Détail d’importance, Ilya kabakov, jeune, fut forgé dans ce moule idéologique et fut artiste d’état en URSS de nombreuses années…
Mais revenons aux toiles de cette série,
Ces images flottent donc, mais pas seulement. Certaines de celles-ci sont tronquées, sortent du cadre, d’autres se superposent, où alors sont déformées, mises à l’envers. Les Kabakov nous placent d’emblée dans un conflit de regard. D’abord ce morcellement, ce glissement hors du cadre pour certaines, ces superpositions et ces anamorphoses…
D’abord en première instance, ce qui marque ce sont les images que nous montrent Ilya et Emilia Kabakov, des images qui nous parlent d’un pays de cocagne, où tout ne semble que calme, abondance et bonheur…
Un choix de sujets, paysans, ouvriers dans leurs activités, visages réjouis, descriptions d’un monde radieux… Image d’un monde idyllique où enfin le monde serait parfait et dont il n’y aurait plus nul besoin de s’échapper, de s’envoler… Cet air de déjà-vu renvoie à une réalité autre…
Un certain vocabulaire esthétique précis qu’on a appelé le Réalisme socialiste définit comme suit lors du premier congrès des écrivains soviétique qui se tint à Moscou en Août 1934
" Une représentation véridique et historiquement concrète de la réalité dans son développement révolutionnaire. Il doit en particulier contribuer à la transformation idéologique de l'éducation des travailleurs dans l'esprit du socialisme ".
Cette définition de ce que devait être l’art socialiste eut les conséquences que l’on connaît ; d’abord d’accuser les avant-gardes notamment russes de formalismes petit-bourgeois, d’assujettir l’art à des fins politiques, à l’instrumentaliser. Le résultat fut de déployer une production artistique lénifiante, figée dans des canons édicté par le régime totalitaire que fut l’URSS de Staline...
Ilya et Emilia Kababov s’approprient donc cette imagerie. Détail d’importance, Ilya kabakov, jeune, fut forgé dans ce moule idéologique et fut artiste d’état en URSS de nombreuses années…
Mais revenons aux toiles de cette série,
Ces images flottent donc, mais pas seulement. Certaines de celles-ci sont tronquées, sortent du cadre, d’autres se superposent, où alors sont déformées, mises à l’envers. Les Kabakov nous placent d’emblée dans un conflit de regard. D’abord ce morcellement, ce glissement hors du cadre pour certaines, ces superpositions et ces anamorphoses…
Notre position de regardeur nous oblige à tenter de deviner ce qui disparaît, ce qui est masqué, à nous casser le coup pour redresser ces anamorphoses ou bien voir l'endroit de ces images.
Un rapport certain avec le cinéma intervient aussi dans cette série. Ce glissement, ces parties masquées peuvent s’assimiler à un hors-champ, ou alors à un changement de plan ou encore un fondu. Le fond blanc de la toile devenant l’écran sur lequel vont et viennent les images…
Par ces grandes surfaces blanches, ils poussent plus loin encore le procédé déjà utilisé dans la série « Under the snow »
Par ces grandes surfaces blanches, ils poussent plus loin encore le procédé déjà utilisé dans la série « Under the snow »
« under the snow »
« Under the snow » restait encore des toiles « réalistes » dans le sens où les images apparaissaient derrière la neige, élément de la nature. Dans « Flying », il y a confrontation du réalisme à l’abstraction. Ces images flottantes peuvent être regardées comme jouant de formes géométriques, peuvent se lire comme des tableaux constructivistes. Ces toiles se réfèrent directement à Malevitch.
"Réalisme pictural d'un garçon au sac à dos" Malevitch
Malevitch, les Constructivistes, les Futuristes, les Suprématistes, Vertov et le Kino-pravda qui projetèrent tous leurs espoirs de transformer, l’art, le monde, la vie, à travers la révolution de 1917…
Les Kabakov nous réassignent au destin de cette avant-garde. Avant-garde qu’ils méconnurent car elle fut bannie du système d’éducation artistique en URSS…
Ils nous confrontent donc à une partie de l’histoire de l’art russe mais aussi aux grands espoirs révolutionnaires et aux terribles désillusions qui s'ensuivirent.
« Flying »
Par le choix de cette revisite des poncifs, chromos du Réalisme socialiste en peinture, les Kabakov posent aussi la question actuelle du statut de l’image…
Ces images des toiles qui semblent entrer, sortir du champ de cet écran qu'est le fond blanc de la toile, ces images qui masquent ou en recouvrent d’autres comme pour les congédier...
Ne serait-ce pas le flux interchangeable des images qui défilent sur nos écrans…
Déformations, anamorphoses…
Attention, une image peut en cacher une autre, semblent nous dire Ilya et Emilia Kabakov…
ILYA & EMILIA KABAKOV
THE FLYING PAINTINGS (Tableaux volants)
17 MARs — 17 AVRIL 2010
Galerie Thaddeus Ropac
7 Rue Debelleyme75003 Paris